Les anti-Nobel

Par Par Stephanie SCHOROW AFP -
Vendredi 5 octobre, 08h05CAMBRIDGE (AFP) -
"Les effets secondaires de l'ingestion de sabre" (médecine) et "Comment extraire de la vanille de la bouse de vache" (chimie) figurent au palmarès des anti-Nobel 2007, remis jeudi à l'Université Harvard (nord-est) à des scientifiques venus des cinq continents.


Pour la dix-septième année consécutive, dix "Ig-Nobel", des prix récompensant des travaux absurdes ou loufoques réalisés par de vrais chercheurs, ont été décernés au théatre Sanders de l'université par le comité orgnisateur, composé de Marc Abrahams, éditeur de la revue humoristico-scientifique "Les Annales de la recherche improbable", et d'associations de chercheurs et d'étudiants de Harvard.

La soirée s'est déroulée en présence d'un millier de spectateurs, et les prix ont été remis aux lauréats par des récipiendaires du "vrai" prix Nobel, notamment Craig Mello (médecine, 2006), Roy Glauber (physique, 2005) ou William Lipscomb (chimie, 1976).

Trois Argentins ont remporté leur anti-Nobel pour une étude sur les "Effets du Viagra sur la sensation de décalage horaire chez le hamster", publiée par l'Académie des Sciences argentine en juin 2007. Plusieurs scientifiques sud-américains figurent pour la première fois parmi les gagnants, qui comptent aussi dans leurs rangs une Japonaise, un Taïwanais ou une Australienne.

Mayu Yamamoto, récompensée pour sa recherche sur l'extraction de vanille à partir de bouse de vache, devait assister vendredi à une dégustation gratuite d'une nouvelle glace baptisée en son honneur par un glacier de Cambridge (nord-est): "Yum-a-Moto Vanilla Twist".

Parmi les femmes lauréates, la Néerlandaise Johanna van Bronswick de l'Université de Eindhoven s'est distinguée par une série d'ouvrages thématiques qui lui ont valu l'anti-Nobel de biologie: "Les lits, la poussière, et les mites", "La maison, le lit et les punaises", ou encore "Organismes vivants dans les matelas aux Pays-Bas".

L'anti-Nobel de la Paix est allé à un laboratoire de Dayton (nord-est) pour sa "bombe gay", une arme chimique qui provoque chez les soldats ennemis une attraction sexuelle irrésistible. Un prix "nutrition" a été décerné à Brian Wansink de l'Université Cornell (New York) pour sa découverte du "bol sans fond" qui s'autoremplit, et le prix de linguistique a salué la preuve apportée par trois chercheurs espagnols, sur les réactions différentes des rats à l'audition en mode rembobinage d'un discours prononcé dans plusieurs langues.

Sept des dix lauréats étaient présents à la cérémonie de jeudi et avaient payé eux-même leur voyage. Deux d'entre eux, le Britannique Brian Witcombe et l'Américain Dan Meyer, spécialistes des effets secondaires de l'ingestion de sabre, se voyaient pour la première fois.

Ils n'avaient eu jusqu'ici eu de contacts que par courriel ou par téléphone, a précisé Marc Abrahams.

Les anti-Nobel récompensent des études qui font "d'abord rire, puis réfléchir", proclame le comité organisateur. Chaque lauréat a le droit de parler lors de la remise des prix 60 secondes à l'issue desquelles il est impitoyablement interrompu par une enfant de huit ans qui déclare s'ennuyer.

Le lien ici.

Excellent, enfin de la vraie Science

Karhak a écrit:

Excellent, enfin de la vraie Science

Je vais enfin pouvoir exposer la théorie des petits nains.

worzeele a écrit:

Karhak a écrit:

Excellent, enfin de la vraie Science

Je vais enfin pouvoir exposer la théorie des petits nains.

C'est vrai que de prime abord les thèmes des recherches récompensées par les IgNobel sont plutôt drôles. En revanche je trouve totalement effarant que ça puisse avoir lieu.

Imaginez un type qui écrit une thèse sur un sujet trivial et absurde. Pour commencer, il en soumet le sujet au directeur de recherches. Ensuite, il bosse sur le sujet et publie un ou plusieurs papiers avec ses résultats. Pour finir, il fait une soutenance devant un comité de scientifiques et décroche un doctorat. Et il peut mettre PhD sur son CV avec l'aval de tout un comité scientifique !

Et même en dehors du contexte de thèse de doctorat, passer du temps sur de tels sujets est un gaspillage affligeant de temps et de moyens. Aujourd'hui, le monde de la recherche ressemble à un parcours du combattant. Pour décrocher un financement, c'est la croix et la bannière. Même dans la recherche, on commence à parler de ROI (return on investment). Il faut prouver à ceux qui tiennent les cordons de la bourse que le sujet proposé va générer des retombées financières immédiates, qu'il est plus mieux que les autres sujets passant sur le même budget, se palucher des tonnes de paperasse, démontrer que le thème s'inscrit dans le Programme Cadre de recherche et se rendre 10 fois à Bruxelles. Bref, il faut en vouloir.

Et comme les financements sont publics, c'est de nos popoches que sont puisés les sousous. Perso, ça me fait mal de payer à une ou plusieurs personnes du matériel et un salaire pendant plusieurs mois pour un truc comme ça.

palomnik a écrit:

C'est vrai que de prime abord les thèmes des recherches récompensées par les IgNobel sont plutôt drôles. En revanche je trouve totalement effarant que ça puisse avoir lieu.

Imaginez un type qui écrit une thèse sur un sujet trivial et absurde. Pour commencer, il en soumet le sujet au directeur de recherches. Ensuite, il bosse sur le sujet et publie un ou plusieurs papiers avec ses résultats. Pour finir, il fait une soutenance devant un comité de scientifiques et décroche un doctorat. Et il peut mettre PhD sur son CV avec l'aval de tout un comité scientifique !

Et même en dehors du contexte de thèse de doctorat, passer du temps sur de tels sujets est un gaspillage affligeant de temps et de moyens. Aujourd'hui, le monde de la recherche ressemble à un parcours du combattant. Pour décrocher un financement, c'est la croix et la bannière. Même dans la recherche, on commence à parler de ROI (return on investment). Il faut prouver à ceux qui tiennent les cordons de la bourse que le sujet proposé va générer des retombées financières immédiates, qu'il est plus mieux que les autres sujets passant sur le même budget, se palucher des tonnes de paperasse, démontrer que le thème s'inscrit dans le Programme Cadre de recherche et se rendre 10 fois à Bruxelles. Bref, il faut en vouloir.

Et comme les financements sont publics, c'est de nos popoches que sont puisés les sousous. Perso, ça me fait mal de payer à une ou plusieurs personnes du matériel et un salaire pendant plusieurs mois pour un truc comme ça.

Attention les gagnants de l'IGNobel sont récompensés pour des travaux qui font "d'abord rire, puis réfléchir". ça peut paraître marrant au début mais il faut voir les études en détail, peut-être que ça peut avoir des applications ?

Pour ce qui est des thèses, si comme tu le dis le type a des publications et obtient le droit de soutenir, ça veut dire justement que ses travaux ont été jugés par des pairs et qu'ils les ont jugés dignes d'être publiés. Et comme tu le soulignes, obtenir des financements en recherche est aujourd'hui très difficile, ceux-ci étant de plus en plus obtenus pour des projets précis. Le problème c'est que pour avoir un financement, il faut un sujet "à la mode" et que ça limite énormément la prise de risque, voire la recherche fondamentale. Si tu cases le mot "nanobiotechnologies" dans ton projet, tu as de bonnes chances d'avoir ton financement, mais il faut voir ce qu'il y a derrière.
Et quand tu vois le nombre de gens qui en recherche publient uniquement pour publier, en essayant de faire passer un même résultat dans 3 publis différentes, ou qui recyclent une même méthode sur différents sujets, uniquement pour avoir des résultats publiables sans véritable réflexion derrière, je ne suis pas si convaincu que les gagnants des Ig-Nobel fassent des travaux moins intéressants que la moyenne des chercheurs...

Throwontax a écrit:

Attention les gagnants de l'IGNobel sont récompensés pour des travaux qui font "d'abord rire, puis réfléchir". ça peut paraître marrant au début mais il faut voir les études en détail, peut-être que ça peut avoir des applications ?

Pour ce qui est des thèses, si comme tu le dis le type a des publications et obtient le droit de soutenir, ça veut dire justement que ses travaux ont été jugés par des pairs et qu'ils les ont jugés dignes d'être publiés. Et comme tu le soulignes, obtenir des financements en recherche est aujourd'hui très difficile, ceux-ci étant de plus en plus obtenus pour des projets précis. Le problème c'est que pour avoir un financement, il faut un sujet "à la mode" et que ça limite énormément la prise de risque, voire la recherche fondamentale. Si tu cases le mot "nanobiotechnologies" dans ton projet, tu as de bonnes chances d'avoir ton financement, mais il faut voir ce qu'il y a derrière.
Et quand tu vois le nombre de gens qui en recherche publient uniquement pour publier, en essayant de faire passer un même résultat dans 3 publis différentes, ou qui recyclent une même méthode sur différents sujets, uniquement pour avoir des résultats publiables sans véritable réflexion derrière, je ne suis pas si convaincu que les gagnants des Ig-Nobel fassent des travaux moins intéressants que la moyenne des chercheurs...

Absolument rien a ajouter.

Throwontax a écrit:

Attention les gagnants de l'IGNobel sont récompensés pour des travaux qui font "d'abord rire, puis réfléchir". ça peut paraître marrant au début mais il faut voir les études en détail, peut-être que ça peut avoir des applications ?

Pour ce qui est des thèses, si comme tu le dis le type a des publications et obtient le droit de soutenir, ça veut dire justement que ses travaux ont été jugés par des pairs et qu'ils les ont jugés dignes d'être publiés. Et comme tu le soulignes, obtenir des financements en recherche est aujourd'hui très difficile, ceux-ci étant de plus en plus obtenus pour des projets précis. Le problème c'est que pour avoir un financement, il faut un sujet "à la mode" et que ça limite énormément la prise de risque, voire la recherche fondamentale. Si tu cases le mot "nanobiotechnologies" dans ton projet, tu as de bonnes chances d'avoir ton financement, mais il faut voir ce qu'il y a derrière.
Et quand tu vois le nombre de gens qui en recherche publient uniquement pour publier, en essayant de faire passer un même résultat dans 3 publis différentes, ou qui recyclent une même méthode sur différents sujets, uniquement pour avoir des résultats publiables sans véritable réflexion derrière, je ne suis pas si convaincu que les gagnants des Ig-Nobel fassent des travaux moins intéressants que la moyenne des chercheurs...

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